C’était mon défi de l’automne 2015 : faire le Sentier des Caps à la course (ou en une journée) !
Pour le réussir, je dois courir pour la première fois la distance de 42 kilomètres, mais aussi revenir à mon auto à l’aide d’une âme charitable, ce qui a longtemps été mon plus grand doute.
Je laisse donc mon auto à Saint-Tite-des-Caps, pour parcourir le tronçon jusqu’à Petite-Rivière-Saint-François, en divisant le sentier à l’aide des refuges dispersés le long.

Refuge Cap Gribane (km 6,4)

La première section est un excellent échauffement avec rapidement un fort dénivelé ( c’est le plus gros, de mètres à ), jusqu’à la descente finale qui amène sur un plateau. Là, les montées et descentes s’enchainent pendant 40 kilomètres, mais avec un dénivelé moins important.
Dès le départ, je souhaite trouver mon rythme (pour faire le parcours en 6 heures, je dois courir à une vitesse de 6.9 km/h soit 08:41 Min/km); j’avais déjà randonné l’année précédente sur cette portion et j’avais à cœur d’aller plus vite, trop vite, ce qui se payera à la fin.

Refuge Anse-aux-Vaches (km 14,1)

Reparti très rapidement, j’attaque la première section inconnue. Au détour d’une mare de boue, je croise un groupe avec qui l’on échange brièvement :
« Tu vas jusqu’où ?
— Petite-Rivière-Saint-François
— Tout en bas ?
— Yep
— T’es un malade… », et je comprendrais plus tard son étonnement.

Au-delà du terrain accidenté et boueux, le sentier est très étroit avec de nombreuses racines au sol. Il faut donc redoubler de vigilance pour les éviter; les sections de courses se font rares, et c’est frustrant, car le rythme s’en ressent.
En arrivant au second refuge, je croise le reste du groupe en train de diner. J’ai le sentiment que la journée est déjà bien avancée, et je souhaite absolument arriver avant la nuit. Je repars donc avec pour projet de m’arrêter 10 minutes au prochain refuge.

Refuge Cap du Salut (km 20,1)

Cette section a été l’une des plus difficiles. J’ai très mal géré mon début de course, et je sens que je le paye sur cette troisième section, car je n’ai plus de jus. Le parcours n’est pas roulant et donc je multiplie les interruptions de rythme, sachant que le dénivelé positif constant ne m’aide pas à maintenir une cadence très élevée.
Lorsque j’arrive au refuge, je suis à mi-parcours. Les sensations sont bonnes, mais j’ai pris du retard, et je ne dois pas m’éterniser. Je dois reprendre rapidement des forces, mais avec une vue magnifique sur le fleuve, en compagnie de marcheurs avec qui je fais la conversation, je traine plus de 20 minutes et je repars à froid.

Refuge Abattais (km 27)

Nouvelle section déjà randonnée en raquettes, qui est plutôt linéaire et je parviens à reprendre un peu de mon retard jusqu’aux pistes de ski de fond situées autour de l’accueil de Charlevoix. La grimpette reprend alors et je sent une baisse d’énergie. Un kilomètre avant le refuge, au point d’eau, je tombe à nouveau sur Martin, rencontré déjà, par hasard 8 mois plus tôt au sommet du Mont Gosford ! On échange quelques sympathies et je repars pendant mon regain d’énergie jusqu’au refuge ou je ne prends le temps que de prendre une photo, m’étirer, et repartir le plus rapidement possible.

Refuge Liguori (km 36)

Je suis (dans ma tête) maintenant en roue libre. Il ne me reste plus qu’une portion jusqu’à l’accueil de Petite-Rivière et donc la fin de cette traversée. J’en profite également pour repérer les lignes de ski hors-piste puisque le sentier traverse ici le Massif du Sud, et plus précisément le secteur du Liguori. C’est un tracé en descente (810 à 18 mètres d’altitude), composé de virages au départ, avant de plonger littéralement vers le fleuve dans la portion de L’Ancestrale, avec un dénivelé proche de celui que l’on retrouve à l’Acropole des Draveurs.

La fatigue prend peu à peu le pas sur la lucidité, mais je suis réveillé lorsque je tombe sur trois Orignaux. Une mère et son veau, à quelques pas d’un gros mâle, en pleine période de ruts.
J’ai la chance inouïe de tomber sur trois spécimens et j’en profite durant plusieurs minutes, à seulement quelques kilomètres de l’arrivée, pour les observer.

Petite-Rivière-Saint-François (km 43,75)

J’ai donc terminé mon projet Sentier-des-Caps (42k) en 6h:47m:59s (hors temps de pause, soit un peu moins de 7h30 avec les pauses.
Mon premier objectif terminé (compléter la distance en sentier), je dois maintenant trouver le moyen de revenir par la route jusqu’à Saint-Tites-des-Caps. La 383 étant peu empruntée, je savais que je devais sortir avant la tombée de la nuit pour maximiser mes chances. Je vais tout de même marcher pendant environ 6 kilomètres (supplémentaires :-)), avant qu’un chasseur rentrant sur Québec me prenne en stop pour m’emmener jusqu’à mon auto.

Bilan

Alors que mon objectif principal était de couvrir la distance, je me réjouis quelques minutes avant que l’esprit de compétition ne reprenne le dessus, et que je sois finalement « déçu » de mon temps.
Il m’aura fallu plusieurs semaines pour analyser, digérer et prendre une décision : je vais faire des courses !
Depuis 3 ans que je cours, je n’ai jamais utilisé de plan d’entrainement, effectué de tests de VMA ou même planifier des sorties avec une certaine logique; j’y vais au feeling, les mains dans les poches, et si je souhaite progresser il va falloir s’organiser en conséquence.
À l’heure où j’écris ce récit, soit deux mois après, j’ai finalement décidé de m’inscrire sur l’Harricanna du Canada pour Septembre 2016, et l’épreuve du 65km.
Une première compétition à venir et un véritable test par rapport à mes convictions (pas de courses en course).

Pour s’y rendre : Accueil St-Tite-des-Caps – Secteur principal

Depuis Québec, suivre Autoroute Dufferin-Montmorency N/Autoroute 440 Est en direction de QC-138 E jusqu’à St-Tite-des-Caps.
Accès : Le poste d’accueil est accessible par la route 138 et le chemin du Curée.

Durée: 7h
Difficulté: Difficile (***)
Altitude :
Sommet : 810 m
Ascension : 1975 m
Descente : 2363 m