Culminant à une hauteur de 3426 mètres, le mont Hood est le plus haut sommet de l’Oregon et le 4e de la chaîne des Cascades.
Il s’agit d’un stratovolcan, situé au nord-ouest des États-Unis, à environ 100 km à l’est de la ville de Portland. Depuis la ville, on peut voir la montagne au loin, facilement reconnaissable grâce à ces neiges éternelles sur le glacier.
Le volcan est situé dans la Mount Hood National Forest, d’une superficie de 4 900 km2 et qui comporte quatre zones sauvages et plus de 1 900 km de sentiers.

Côté alpinisme, le mont Hood est le second sommet par le nombre de personnes réussissant l’ascension chaque année, après le mont Fuji, au Japon. La première ascension du volcan a été faite par Sam Barlow en 1845.

Enfin pour les cinéphiles,le Timberline Lodge, a servi de décor au film Shining, de Stanley Kubrick.

La naissance du projet

Tout a commencé un matin d’hiver, lorsque j’ai vu un message de Christian, rencontré plus tôt lors d’une transaction pour des fixations, et qui demandait sur un forum « qui serait intéressé pour aller skier le mont Hood, le 21 juin, lors du solstice d’été ? »; sans me poser trop de questions, j’ai regardé ma conjointe, et comme nous venions d’annuler notre trek au Pico Duarte (3 098mètres, République dominicaine), je n’ai pas mis bien longtemps à la convaincre de me laisser y aller.
Les semaines se passent, un nouveau membre, Antoine, s’ajoute à notre expédition et nous sera d’une précieuse aide puisqu’il réside à Portland et a déjà skié la montagne; nous avons maintenant un contact sur place. Un mois avant la date fatidique, nous faisons finalement une réunion préparatoire pour échanger sur le programme général, les objectifs de chacun et mettre en place la logistique en détail; c’est au cours de cet échange que nous avons identifié les trois projets ; skier Hood, rejoindre Illumination Rock pour le party du 21 au soir, et faire l’ascension sommitale du mont Hood; pour ma part, lorsque je me suis engagé, dans ce projet, je n’avais identifié « que » cet objectif. De son bord, Christian n’est pas prêt pour ce type d’expédition et se concentre donc sur les deux premiers points listés, tandis qu’avec Antoine, nous prévoyons de rejoindre le sommet, sous réserve de l’évolution de la météo (il fait très chaud au moment ou nous planifions l’ascension, et les chutes de roches rendent la montée dangereuse).

Arrivés le vendredi 20 à Portland, nous nous rejoignons tous les trois afin de finaliser les derniers préparatifs et valider le programme de groupe;

  • skier depuis Timberline Lodge jusqu’à Palmer le samedi matin, dès l’ouverture à 06h30.
  • randonnée sur « Tom Dick and Harry Mountain » pour rejoindre le « fameux » Mirror Lake l’après-midi.© Antoine Blier Dufresne
  • camping dans le secteur subalpin le samedi soir.
  • ascension du mont Hood par South Side route afin de rejoindre le sommet à 3426m (dimanche matin).
  • rejoindre Illumination Rock pour le party du solstice d’été (dimanche soir).

Avec un programme aussi chargé, nous rejoignons rapidement notre hôtel pour nous reposer en vue du réveil à 04 heures du matin, le lendemain.Mont Hood depuis TimberlineLes trois premiers points du programme se déroulent sans encombre; la neige est (encore) au rendez-vous et nous avons la chance de skier ce samedi matin, de 07h jusqu’à 10h30 du matin, avant que la neige ne devienne complètement impraticable.
Vu notre état de fatigue avancé, nous ne rallongeons pas le programme, et une fois rendu à Mirror Lake, Antoine fait quelques lancées en prévision de notre repas, avant de nous rabattre sur la pêche aux écrevisses, qui s’avèrera plus fructueuses.

Camping en altitude

Pour faire l’ascension, et partir tôt dans la nuit, il est conseillé de dormir sur place (dans son auto) ou à proximité du Lodge. © Antoine Blier DufresneComme Christian doit retourner à l’hôtel le samedi soir, nous décidons avec Antoine de camper à même la montagne, à la limite subalpine, pour ne pas trop souffrir du froid. De plus, cela va nous permettre de nous avancer un peu et ainsi réduire la distance pour le lendemain matin.© Antoine Blier DufresneNous partons depuis le stationnement de Timberline, chargé comme des mulets, avec chacun notre sac d’alpinismes complet (bottes, crampons, piolet, harnais, vis à glace, casque, nourriture, eau, ski et divers équipements de rechange) ainsi que l’équipement pour passer la nuit (tente, duvet et matelas).

© Antoine Blier DufresneCette section jusqu’à notre bivouac emprunte une portion du Pacific Crest Trail, tout en longeant Salmon River. Nous arrivons après 45 minutes à notre emplacement pour la nuit; le temps de monter la tente, installer les matelas et les duvets, nous sommes prêts à goûter notre pêche du jour avec au menu des pattes aux écrevisses.Camp de baseNous prolongeons la soirée avec un magnifique coucher de soleil, avant de rejoindre la tente pour dormir un peu, car la nuit va être courte avec un réveil programmé dans six heures, soit à 02h30 du matin.© Antoine Blier Dufresne

Une grosse randonnée

La sieste a été courte, mais nous ne pouvons pas trainer, car le programme est chargé; le temps d’avaler un café, manger un morceau et ranger nos affaires, nous quittons notre camp vers 03h15.
Nous démarrons à la lampe frontale et en chaussures de marche en longeant un canyon formé par un écoulement de puis Palmer Glacier à notre gauche jusqu’à Salmon River, tandis que White River Glacier est à notre droite. Cette section n’est vraiment pas difficile, et nous avançons rapidement, malgré le sol mou composé de cendres volcaniques dans lequel on s’enfonce.MH_004Le soleil commence à se lever vers 04h tandis que nous enfilons nos bottes et crampons à partir du moment ou nous évoluons sur Palmer Glacier. La pente est plus soutenue et marcher en botte (de ski) sur la glace n’est particulièrement pas confortable. Le poids des skis devient de plus en plus désagréable et je tente de les utiliser pour sauver un peu de poids. La neige est beaucoup trop dure, et j’effectue moins d’efforts à marcher en bottes; les skis retournent donc sur le sac, au grand désespoir de mon dos (je n’ai qu’une seule paire de skis équipés de fixation de randonnée, adaptés à…..la poudreuse du Québec). À l’approche du Triangle Moraine (9,600 ft), la pente s’intensifie encore un peu plus tandis que nous rencontrons de nombreux randonneurs « déjà » sur le retour, après avoir complété le sommet tôt ce matin. The South Side RouteCes rencontres ne sont pas très encourageantes, car nous craignons d’être en retard et de devoir prendre la décision d’annuler l’ascension finale.Tandis que l’on contourne Devil’s Kitchen (10,000 ft) et les premières fumerolles d’où émanent des gaz toxiques, Antoine, aux avants-postes accélère à l’approche de Crater Rock (10,560 ft). Nous avons prévu d’y prendre  une pause (après 6 heures de marche) et d’y évaluer les scénarios qui s’offrent à nous afin de prendre la meilleure solution en fonction du contexte.

L’ascension alpine et le sommet

En arrivant à Crater Rock, nous distinguons enfin la voie d’alpinisme pour rejoindre l’arête et le sommet. L’angle est un peu apeurant et je décide finalement de laisser mes skis au pied, car je n’ai clairement pas le niveau pour descendre une telle section glacée. De son côté, Antoine commence à avoir des étourdissements causés par les gaz toxiques qui s’échappent des fumerolles à proximité de nous. Nous devons donc prendre une décision de groupe tandis que nous avons chacun un souhait différent; Antoine abandonne le projet de faire le sommet et souhaite redescendre, tandis que de mon bord, je souhaite toujours tenter l’ascension sommitale.Crater RockUne des règles en montagne consiste à prendre des décisions éclairées qui s’appliquent à tous, et dans notre cas redescendre « ensemble » aurait été la décision la plus logique; malgré l’importance que représente ce projet (et l’entrainement de l’hiver qui en découle), je range ma frustration, et me prépare à appliquer cette résolution jusqu’à ce que l’on décide « d’éclater notre groupe tel que: deux autres skieurs attendent pour rejoindre le sommet et je pourrais me joindre à eux, tandis qu’un autre groupe s’apprête également à redescendre, et Antoine va se joindre à eux.   MH_005Nous nous engageons donc sur le Hogsback (10,400 ft), un pont de neige qui relie Crater Rock à Coalman Glacier et la section pour rejoindre le sommet. Au bout du Hogsback, si situe le Bergschrund, la seule crevasse présente sur cet itinéraire. Nous contournons alors cette dernière, car en saison estivale, il est déconseillé de prendre l’itinéraire du Pearly Gate en raison des nombreuses chutes de pierre, mais plutôt de privilégier Old Chute (11,000 ft), ce que nous faisons malgré l’itinéraire plus long.Old ChutesC’est un final sur 300 mètres avec une forte inclinaison qui se présente à nous. Ce n’est pas comparable à de l’escalade de glace et nous nous passons de la corde, mais nous utilisons néanmoins le piolet comme points d’accroche à chaque pas.MH_008En arrivant en haut, nous sommes sur une corniche de deux mètres de large avec l’impressionnante face nord qui surplombe le vide; il reste environ 200 mètres sur l’arête du mont Hood pour rejoindre le sommet à 3425 mètres.

Le retour et la descente en ski

La descente par Old Chute est aussi délicate que la montée, car il faut dé-grimper sur plusieurs dizaines de mètres ce qui n’est jamais la portion la plus évidente. MH_007Une fois revenu à hauteur du Hogsback, un immense sentiment d’accomplissement m’envahit et je savoure enfin.Je récupère mes skis au pied de Crater Rock, tandis que je dois encore redescendre les 1500 mètres de dénivelés pour rejoindre la station.HogsbackLes conditions de neiges ne sont pas optimums (glacée sur le haut), mais c’est toujours moins difficile que de redescendre à pied. J’en profite pour tirer jusqu’à Illumination Rock (9,750 ft). Il me faut une petite heure pour rejoindre la station à 1600 mètres.MH_006J’y arrive autour de midi passé, debout depuis 02h30 du matin, après avoir avalé près de 2000 mètres de dénivelés en 10 heures de randonnée, et redescendu la montagne à ski.

Bilan de l’expédition

Un sommet qui en appelle d’autres….
Cette expédition constitue l’un de mes plus difficiles efforts physique, moral et mental  à vie. J’ai eu l’occasion de passer par nombreux sentiments contraires (la peur, le doute, la joie, l’excitation…), mais le sentiment qui prédomine est sans comparaison, celui d’une grande fierté d’avoir accompli un tel défi.
Comme un projet en chasse un autre, je suis déjà tourné vers une nouvelle liste….Huit sommets pour commencer l’alpinisme

Pour s’y rendre :
Le mont Hood est situé à environ 90 minutes de Portland, reliée à Montréal par Air Canada via Toronto , Calgary ou Vancouver.

Planifier sa visite :

  • 95% des grimpeurs planifient l’ascension du Mont Hood entre mai et juillet.

Permis/Enregistrement :

  • Le Wilderness Permit est une autorisation de circuler au sein d’une zone protégée par le Wilderness Act, une loi fédérale américaine sur la protection de la nature. Ce document est délivré au timberline Lodge et il est gratuit.
  • La Northwest Forest Pass (35$ pour l’année ou 5$ par jour) est requise pour stationner la voiture au Timberline Lodge. L’enregistrement se fait à la « registration station » (ouverte 24h) ou au « visitor center » de Timberline Lodge.

Équipement requis :

  • Casque, piolet crampons (indispensables);
  • Corde, harnais, vis à glace (selon les conditions);
  • Groupe de 2-3 personnes formé aux techniques de progression sur neige et glace.

Hébergement :

  • Sur le stationnement du Timberline Lodge (dans votre auto);
  • Camper dans la Wilderness area;
  • Bivouac à proximité de Triangle Moraine.

Risques potentiels (South Side route) :

  • Chutes de pierres/glace (Devil’s Kitchen);
  • Crevasse (Bergschrund);
  • Gaz toxiques (qui échappent des fumerolles);
  • Avalanches;
  • Corniches;
  • Les autres grimpeurs / sous-estimés l’ascension;
  • Conditions météo changeantes.

Quelques chiffres :

  • Distance : 12 km (A/R)
  • Durée : 12h00min
  • Difficulté : Difficile (***)
  • Altitude :
    Sommet : 3429m
    Dénivellation de 1758 m

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