Avec ses 1193 m, le mont Gosford est le 21ème plus haut sommet du Québec ! Il est situé à la frontière canado-américaine, à l’extrême sud-est du Québec, dans la région du lac Mégantic. Son sommet offre une vue à 360° sur les montagnes des états du Maine, du New Hampshire et de la région de Lac-Mégantic.
Le territoire d’une superficie de 61 km2 est géré par un organisme à but non lucratif qui offre la pratique d’un grand nombre d’activités; la randonnée pédestre, le vélo de montagne, la chasse et la pêche, le VTT et la motoneige, la raquette, le ski hors-piste, la randonnée de chien de traineau et l’ornithologie. On peut également y passer la nuit en refuge, camp rustique, abris trois-faces, plate-forme de camping et camping sauvage. Le paradis du plein air !
Tous les détails sont accessibles sur le site du territoire.
Depuis la découverte par Julien du site Peakbagger.com, l’ascension des sommets de plus de 1000 mètres du Québec est devenue une priorité !
La fin de semaine du 24 et 25 janvier, nous nous sommes donc rendus sur le territoire du mont Gosford pour conquérir trois sommets à plus de 1000 mètres. La tâche ne me semblait pas inaccessible, mais j’avais des doutes : la distance (20km en raquette) et le dénivelé cumulé (1000m). Julien a donc mis tous les arguments de son côté pour me convaincre de mes capacités, mais c’était sans compter sur un « élément perturbateur » qui va venir compliquer la tâche…
Accueil – Mont Gosford
Après une arrivée et nuit agitée, nous nous élançons à 9 h sur le sentier, avec une heure de retard. La journée est néanmoins parfaite avec une température de 0°C et un magnifique soleil.
Nous empruntons un chemin d’accès sur environ 500 mètres, puis nous entrons dans la forêt par un sentier pédestre. Il longe la rivière jusqu’à la première jonction (JCT), où nous enlevons déjà une couche de vêtement, avec cette température clémente. Nous nous insérons alors un peu plus dans la forêt, même si le sentier est large et très bien balisé (aucune chance de s’égarer).
Le sentier monte et redescend légèrement, pour couper à deux reprises des cours d’eau.
L’atmosphère qui y règne et très calme et nous observons tout autour de nous les sommets qui surplombe.
Après une heure de marche en bottes, nous sommes à la JCT du sentier 6 et 8; compte tenu de notre programme chargé, nous avions planifié l’itinéraire le plus court pour rejoindre le sommet du mont Gosford (7,5km).
La neige est bien tassée depuis le départ, mais comme nous n’avons pas de crampons de marche, nous décidons d’enfiler nos raquettes.
L’ascension débute en douceur avec de nombreux lacets qui nous aident à gravir la montagne sans que nous ressentions trop le dénivelé. Nous marchons ainsi à flanc de montagne ce qui est très appréciable, tandis que ces variations nous permettent de reposer les jambes et de reprendre du souffle.Nous voyons les paysages évolués au fur et à mesure de la montée : la cime des arbres apparait, les arbres sont plus enneigés, la neige devient glacée et le soleil est de plus en plus perçant !
Nous pensons atteindre le sommet, mais il faut encore faire 400 mètres sur l’épaule et au milieu des sapins, avant de le rejoindre dans une section à découvert. Nous rejoignons le belvédère qui permet de profiter de la vue à 360° sur les environs ainsi que l’affiche d’altitude sommitale. La vue y est magnifique, et les montagnes, au loin, nous appellent pour aller les visiter, mais après quelques minutes de contemplation, nous devons nous mettre à l’abri, car il vente énormément et la température est bien inférieure. Pour compléter le tableau, nous ne pouvons pas nous permettre de trop nous arrêter au risque de se refroidir et ainsi prendre froid.J’ai éprouvé toutes les difficultés du monde à effectuer la dernière section qui monte et je dois finalement abdiquer face à la gastro. Je décide donc de faire demi-tour pour pouvoir laisser Julien poursuivre l’itinéraire et les sommets de « sa liste », à son rythme.
J’effectue donc le sentier en aller-retour; la descente est moins éprouvante, car l’effort est moins important. Je prends tout mon temps pour rejoindre l’accueil puis notre chalet., car Julien m’a donné rendez-vous pour 20 h, derniers délais 22 h…
Malgré les circonstances, je viens de réaliser une randonnée de 14 kilomètres en hiver dans la journée (une première).
Mont Gosford – Cap des Frontières
Le second sommet, West Monument 443 Peak (1175m) est situé à 4 kilomètres de mon emplacement. Pour le rejoindre, je dois passer par le Petit-Gosford (1109m), redescendre dans la vallée où coule le ruisseau Clearwater et reprendre un sentier mixte, partagé avec les motoneiges et qui arrive sur le sentier des frontières et le Cap-Frontière.La boucle se fait principalement en été donc la neige n’est plus tapée dans le sentier et les arbres ne sont pas taillés; je dois principalement redescendre, et c’est donc très agréable de courir dans la poudreuse avec des raquettes.
S’en suit alors une intense côte de 200 mètres de dénivelé. Je croise plusieurs motoneiges à qui je laisse toute la largeur du sentier, car je manque plusieurs fois de me faire renverser.
Après une petite heure, me voilà devant le monument 443 (jalon kilométrique de la frontière canado-américaine). Mon plan initial était alors de rentrer pour avaler les 10 kilomètres restants. Il me reste pourtant encore un sommet à traiter dans le territoire du mont Gosford, et je décide donc de modifier mon programme.
Je connais l’enjeu des distances puisque c’est un itinéraire que j’avais initialement préparé. On parle de plus de 26 kilomètres, mais je me passe en boucle qu’il serait « dommage de passer à côté », et j’ai le nécessaire dans mon sac pour rallonger la randonnée (vêtements supplémentaires, nourriture, boisson, réchaud, lampe frontale, carte, GPS, point de chute avec les refuges sur le chemin…).
À partir de cette décision, je dois composer avec le coucher de soleil dans trois heures (autour de 17 h), et l’horaire annoncé à Perrine (20h-22h), pour le retour à l’accueil.
Cap des Frontières – Boundary Peak
Cette section emprunte les Sentiers frontaliers, un réseau international de 135km, qui relie le parc du mont Mégantic au territoire du mont Gosford, via la montagne de Marbre et le mont Saddle en empruntant le corridor de la frontière canado-américaine.L’itinéraire n’est pas très compliqué, puisqu’il suffit de suivre l’emprise déboisée.
En revanche, les montées et descentes s’enchainent au rythme du relief et c’est là toute la difficulté du sentier. Je croise beaucoup de motoneiges pour lesquels c’est un véritable terrain de jeu à ciel ouvert, car peu fréquenté par les marcheurs, et suffisamment large et dégagé pour circuler à pleine vitesse.
Je parviens au dernier sommet au programme de la journée, Boundary Peak, qui culmine à 1175 mètres, ce qui le classe parmi les plus hautes montagnes du Québec. Le sommet est boisé, mais offre quand même une vue partielle vers l’est et surtout le début des montagnes blanches.
Boundary Peak – Accueil
Il est maintenant temps d’entamer le retour et les quinze kilomètres qui me séparent de l’accueil. Je dois faire demi-tour sur le sentier frontalier, avant de reprendre le sentier (7), en direction du refuge Clearwater.
Cette section n’est pas empruntée en hiver et je dois évoluer dans environ un mètre de poudreuse, ce qui ralentit considérablement mon rythme, faisant ainsi baisser le moral.La noirceur approche, mais je sens au loin un feu de cheminée qui m’appelle. Un groupe de 7 français a réservé le chalet et m’offre volontairement l’hospitalité. J’en profite pour faire le point sur la suite de l’itinéraire (encore dix kilomètres), manger, boire, me changer, et repartir avant que la chaleur du refuge ne me prenne trop au corps.
La fin de la randonnée sera donc une pure session nocturne; je remonte en direction du sommet du Mont Gosford, où je croise d’autres randonneurs, avant d’amorcer la longue descente et de croiser également du monde à l’abri trois-faces, puis au pavillon Rose-Délima.
Encore quelques kilomètres dans la forêt qui traverse les emplacements de camping; l’itinéraire est sinueux, et surtout interminable. Je puise au fond de mes réserves pour terminer cette épreuve et la dernière portion du sentier forestier jusqu’à l’accueil.
Finalement, il est 20 h 30 lorsque je finis par entendre un moteur tourner; c’est Perrine qui m’attend sur le stationnement pour rejoindre notre refuge.
Conclusion
Trois sommets de plus de 1000 mètres à ma liste; une randonnée raquette de 32 kilomètres, avec « un passage » aux États-Unis (Sentiers Frontaliers). C’est une nouvelle belle expérience de plein air, qui se termine bien en raison du travail de planification effectué en amont. Me retrouver à 14 h 30, à près de 15 kilomètres du point d’accueil, en hiver, requiert un minimum de préparation (vêtement de rechange, lampe frontale, nourriture), et c’est pour ces raisons que je répéterai l’expérience, avec un kilométrage plus important.
[box]AVERTISSEMENTS
- Choisissez votre itinéraire en fonction de votre condition physique et du temps dont vous disposez.
- Prévenez quelqu’un de votre destination et du moment de votre retour.
- Planifiez votre temps pour éviter la noirceur.[/box]
Pour s’y rendre : Depuis Québec, rejoindre la route de la Beauce/Autoroute 73 jusqu’à St-Georges où vous prendrez la 204 jusqu’à Lac-Mégantic. Tournez alors à gauche sur la route 161, direction Woburn. Prendre ensuite la route 212 en direction de Sherbrooke et roulez jusqu’au rang Tout-de-Joie.
Accès : Prendre le rang Tout-de-Joie jusqu’au pavillon d’accueil
Distance : 32.00 km (Boucle)
Durée : 10 h 45 min
Difficulté : Difficile (***)
Altitude :
Sommet : 1187 m
Dénivellation de 886 m
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