Le parc national de la Jacques-Cartier est situé à seulement 30 minutes de la ville de Québec, au coeur de la réserve faunique des Laurentides, et plus précisément dans la vallée de la rivière Jacques-Cartier. Avec une superficie de 670 km2, le parc possède plus de 100 km de sentiers pédestres.
Il est représenté par une des plus belles vallées glaciaires au Québec où passe la rivière Jacques-Cartier, reconnue mondialement pour les descentes en kayak qu’on peut y faire. On retrouve également une forêt boréale dense sur les hauts plateaux du parc.
Sa mission principale (délégation gouvernementale à la SÉPAQ) est de protéger un élément représentatif du massif des Laurentides, la vallée de la Jacques-Cartier, jugée comme « élément exceptionnel ».

Du 02 au 05 août 2013, j’avais plannifié de faire la traversée de ce parc avec trois de mes collègues. Malheureusement, ces derniers ont eu des empêchements de dernières minutes et n’ont pas pu m’accompagner. Après des mois de préparation et une motivation débordante, je n’ai pas réussi à annuler mon expédition et je suis malgré tout parti, en solo, effectuer cette traversée. Avec du recul, c’était la seule décision à prendre…


Jour 1 : Centre d’interprétation (km 10) – Lac Neville

Distance parcourue : 18km
Campement : Lac Neville

Mon départ a lieu depuis le centre d’interprétation (km 10), à 08h du matin, après avoir finalisé l’enregistrement administratif nécessaire pour mon expédition. La première étape de mon périple consiste à rejoindre le sentier des Loups, pas le chemin de la Vallée.
L’ascension de la première section (2,2 km) jusqu’au premier belvédère est plus difficile que d’habitude, certainement en raison des 15 kilos que je traine. Au carrefour, je coupe en direction du lac Perché, mais j’ai suivi une mauvaise direction et je n’ai jamais été capable de retrouver ce lac, d’autant que j’étais dans une zone de tourbière très humide.

Lac NevilleJ’ai donc repris mon itinéraire afin de rejoindre l’ancien sentier des Quatre-jumeaux. Après quelques kilomètres, stressé par l’inconnu et les conditions dans lesquels je vais trouver cette piste, j’évolue facilement dans cette première zone « hors sentier,  car la densité d’arbre n’est pas trop importante.
J’aperçois même deux orignaux à une cinquantaine de mètres ! Mais évoluer dans une zone où de nombreux arbres morts jonchent le sol ne permet pas d’avancer en silence, ce qui fait que les animaux s’enfuient dès que je me déplace.Promenade de CastorsJe longe une petite rivière tandis que je finis par apercevoir une zone non-boisée, et je constate que je viens de rejoindre mon point de ralliement du sentier des Quatre-Jumeaux.
Ce dernier est en très bon état, certainement dût au fait que les gros cervidés continuent de l’emprunter en nombre (énormément de signes de leur passage répétés).Sentier des Quatres-JumeauxLe long de ce sentier, je trouve d’anciens refuges ou zones de feux dans lesquel l’homme à laissé des traces de son passage (chaudrons, bouteille de verre, gamelles, chaussures de sécurité, etc.).Triste passage de l\'hommeLe sentier est relativement linéaire, mais ne me permet pas d’observer les « à-côté » en raison de la densité importante d’arbres à certains endroits; c’est néanmoins très agréable, de deviner ce qu’il peut y avoir au-delà du sentier, prendre le risque d’en sortir et tomber sur un magnifique lac, vierge de tout ! J’arrive finalement à mon lieu de campement autour de 17h30. J’ai le temps de m’installer tranquillement, faire sécher mes affaires sur des pierres chaudes, manger, puis me coucher sous une petite pluie qui a fait son apparition.

Jour 2 : Lac Neville – Lac Vaucaire

Distance parcourue : 12km
Campement :
Lac Vaucaire

Lors de cette seconde journée de mon expédition, je reprends le sentier des Quatre-Jumeaux, qui me permet d’avancer à un rythme soutenu.
Malheureusement, il recommence à pleuvoir peu de temps après mon départ à 08h30, et le soleil finira par percer à nouveau vers 15h. Le moral est au plus bas, car j’ai froid, je suis trempé depuis le matin, et je ne peux pas m’arrêter faire un feu sous un abri, car les feux ne sont pas autorisés dans l’arrière-pays.Refuge inespéréFinalement, en arrivant au lac des Quatre-Jumeaux; je tombe sur un refuge* ! Je m’empresse de m’abriter sous le perron, tandis que j’arrive à entrer à l’intérieur.
Il y a un poêle, du bois et je m’empresse donc de lancer un feu pour sécher mes vêtements, recharger mes batteries, faire le point sur la situation de 15h à 17h, alors qu’un orage violent s’abat près de moi.IMG_4290Je suis venu vivre une expérience en autonomie, en pleine nature, et donc je ne peux pas passer la nuit ici ; d’autant que c’est interdit dans le contrat convenu avec la SEPAQ !
Je prends donc mes responsabilités, au risque d’être à nouveau trempé dans les minutes qui suivent, et je repars tout sec, sous un beau ciel bleu.
Je vais monter mon campement à 4 km du refuge, soit au carrefour où je dois quitter le sentier des Quatre Jumeaux.

Je m’installe au complet avant qu’une fine pluie fasse son retour pour « m’aider à passer une bonne nuit froide ».

*À l’intérieur du refuge, il y avait une sorte de livre d’or dans lequel j’ai pu constater qu’une personne (minimum) passe régulièrement depuis 2001.
Il y a de la nourriture dont les dates de péremption vont jusqu’à 2016, des tenus de rechanges, de l’équipement…Autant de signes qui permettent d’affirmer que quelqu’un y est venu récemment.
Enfin, j’ai pu constater des marques de tailles des arbres le long du sentier, ce qui me laisse penser qu’une voie d’accès est entretenue depuis le km 33 du Chemin de la Vallée et le sentier l’Incursion.

Jour 3 : Lac Neville – Lac Ti-coq

Distance parcourue : 05km
Campement :
Lac Ti-Coq

Depuis la veille je me suis détourné de la piste, car je ne plus la suivre, en raison de la zone protégée qu’elle traverse, proche du Lac des Aliées et l’ancien Camp du même nom.
Sentier embuchéJe suis confronté à ma première expérience de « Bushwhacking », et rapidement j’entrevois les difficultés que cela implique pour progresser. Je décide de rejoindre les berges de la rivière  qui me permettait de tenir un cap naturel vers le point de campement que j’avais identifié pour la nuit, le lac du Culot, un petit lac en altitude (800m). Mais j’ai énormément de difficulté à progresser dans une direction précise, et je décide finalement de tenir un seul cap, celui qui me permettre de rejoindre le Camp Mercier au nord-Est de ma position. Après avoir monté et descendu plusieurs montagnes à travers d’épaisses forêts, je suis assez démoralisé par ma progression affichée, et je décide de revoir mon projet à la baisse. Je vise  maintenant le lac à La Chute, qui par sa taille pourra facilement être identifiée.

En effet, je n’ai lors de cette expédition pas de GPS avec map intégrée, mais seulement ma montre avec laquelle je cours habituellement, et qui ne contient que des tracés. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que lors de mon périple hors sentier, je n’ai pas été capable de réévaluer les pistes adéquates à emprunter et en contournant les ascensions, par exemple.

La nuit va bientôt tomber, et je dois encore affronter une dernière difficulté pour la journée. Je dois contourner une tourbière (identifiée sur ma carte), et je me fais quelques frayeurs dans un terrain très marécageux. J’arrive enfin sur le lac, je suis épuisé par cette journée sous la pluie, sans point de repère, et j’identifie ainsi immédiatement ce lac comme étant le lac à La Chute !

Je cherche un coin relativement abrité, car le vent et cette fine pluie sont des ingrédients idéaux pour passer une longue nuit froide sous la pluie. Je trouve finalement un emplacement en contre-bas dune butte qui m’abrite du vent, tandis que la densité des arbres feuillus va me protéger de la pluie.

Jour 4 : Lac Ti-coq – Accueil Camp Mercier

Distance parcourue : 19km
Campement :
Néant

Au réveil de cette 4ème journée dans le bois, je suis moralement au plus bas. J’ai une nouvelle fois eu froid, tandis qu’une fine pluie est tombée toute la nuit, et je suis toujours et encore trempé, comme depuis que je suis parti.IMG_4215Je me raccroche néanmoins à l’idée que je touche mon but, et que je suis proche de réussir mon défi; il ne me reste « qu’à contourner le lac, avant de rejoindre un des sentiers forestiers permettant de rejoindre le camp Mercier ».

Je marche pendant 2 heures, mais ne trouve aucune trace de ce sentier. La panique monte un peu, et je commence à  penser au pire, tout en enchainant les mauvais choix.  Je dois me calmer, reprendre mes esprits, et réfléchir à un plan de sortie. Je décide de descendre une petite rivière qui doit inévitablement m’amener à une plus grosse que j’ai identifiée sur ma carte. Je décide de marcher à même le cours d’eau sans même enlever mes chaussures pour marcher plus rapidement sans m’abimer les pieds. Six heures plus tard après avoir contournés quelques cascades et points profonds, j’arrive sur un immense lac, dont je ne voix pas le bout et qui ne peut-être que le lac à la Chute.Lac Ti-coqQuel choc ! 24 heures après, je viens d’atteindre le point ou je pensais avoir dormi la veille !
Me voilà enfin « rassuré » car je peux m’appuyer sur un repère formel, qui ne fait aucun doute cette fois. Le lac est très étendu, mais après l’avoir laissé derrière moi, je dois rejoindre en 2 heures maximum le sentier forestier. Ma crainte est qu’il ne me reste pas deux heures d’ensoleillement, et je ne veux pas passer une autre nuit dans le bois, à quelques mètres de ma porte de sortie !

J’accélère donc le pas, progresse à un bon rythme, mais la nuit est plus rapide que moi ! Je me donne néanmoins une heure de marche supplémentaire, avant que la noirceur soit complètement présente, tandis que je finis à la lampe frontale.
Je suis proche d’abandonner lorsque je tombe au sens figuré sur une zone linéaire complètement dégagée. Je tâte le sol et il n’y a cette fois plus de doutes, je suis sorti du bois ! Il reste encore une dizaine de kilomètres avant mon point de rendez-vous, situé au Camp Mercier; j’ai encore l’occasion de gravir une montagne et j’en profite pour rallumer mon téléphone et essayer de téléphoner. J’ai suffisamment de réseaux pour envoyer un message indiquant que je suis sain et sauf et que j’ai réussi à sortir du bois. Elle peut donc partir de Québec tranquillement, car je crains d’avoir encore la totalité des 10 kilomètres du sentier forestier à faire à pied. Elle est finalement capable d’en faire presque la moitié, et donc de venir me chercher à proximité du lac à l’Épaule.

Bilan de l’éxpédition

Beaucoup de traces d’Originales, étaient observables en raison du temps très humide  qu’il a fait lors de mon passage. L’ancien sentier constitue pour le gros gibier une piste royale par laquelle il évolue régulièrement.
IMG_4175 Je ne saurai identifié précisément le nombre de « ravages » d’Orignaux, ni même le nombre d’individus, mais les traces, les tas de crottins, les zones broutées et tous autres signes signifiants leur présence étant nombreux sur la section de l’ancien sentier des Quatre Jumeaux que j’ai emprunté.
Le monotropePour la flore en général, je ne suis pas suffisamment formé pour reconnaitre et distinguer une plante « rare ». Peut-être que sur une de mes photos, nous pourrons identifier un spécimen intéressant.

Ce fût une magnifique expérience, tant sur le plan sportif que spirituel !
Le sentiment d’isolement se fait rapidement dans une zone reculée, tandis que la découverte de lieux rarement explorés m’a procuré énormément de plaisir et d’intérêt.
J’envisage maintenant de répéter ce type d’expérience au moins une fois par ans et été, et peut-être plus avec la période hivernale.
Néanmoins, j’ai tiré quelques leçons de mes mauvaises expériences (mauvais équipement GPS, partir seul est dangereux, etc.), et j’espère en tirer profit à l’avenir.Sentier National

Pour s’y rendre : Depuis Québec, rejoindre QC-175 N par la bretelle d’accès vers Autoroute 73/Autoroute 40/Saguenay, pendant 35 km. Prendre la sortie « secteur de la Vallée ».
Accès : Chemin du Parc‐National au km 16
Distance: 55 km (linéaire)
Durée : 4 jours et 3 nuits
Difficulté : Difficile (***)
Altitude :
Sommet : – m
Dénivellation de – m

Comments

comments

One thought on “Traversée de la Jacques-Cartier

Comments are closed.