La rivière Upsalquitch est située au nord du Nouveau-Brunswick et se jette dans la Restigouche, proche du village de Matapédia.
Deux branches permettent d’effectuer différents parcours; la branche sud-est qui prend sa source dans le lac Upsalquitch et s’étend sur 50km de descente, ou la branche nord-ouest qui est plus sauvage et qui offre une plus grande distance à parcourir, soit 89,5km.
Nous avons évidemment choisi la seconde section pour sa longueur, son caractère sauvage et également pour le niveau proposé avec quelques des R1, R1-2 et des eaux vives.
L’Upsalquitch serpente dans une vallée au cœur de la chaine de montagnes des Appalaches et offre ainsi des paysages grandioses, composés de grands pins et plusieurs types d’oiseaux.

L’expédition de « canot-camping » d’avant saison est un rituel d’avant saison auquel j’ai eu le plaisir, cette année d’être convié. Le programme est simple : 9 garçons, une rivière de la bonne humeur et tous les ingrédients sont réunis pour une expédition mémorable. Un premier convoi de 7 participants part de Québec en direction du lieu de ralliement à Matapédia, tandis que les deux autres participants nous y rejoignent depuis Percé et le Nouveau-Brunswick. Nous nous retrouvons tous ensemble le vendredi soir pour le « pot d’accueil », de rejoindre le départ de notre itinéraire le samedi matin, à une centaine de kilomètres de notre position actuelle.L'équipe

Nous suivons une route principale sur laquelle nous apercevons un jeune orignal qui se joue de la circulation, mais bien vite , nous nous engouffrons dans des routes secondaires au travers un labyrinthe de route forestière. Notre guide lui-même nous confie s’être déjà perdu dans ce dédale, accentué par les coupes forestières et l’imposante végétation en cette fin de printemps.

Le temps de décharger les canots de la remorque, accrocher le stock (bidons, sacs…), puis l’ultime briefing sécurité sur les règles de conduite à adopter sur la rivière, et nous voilà finalement partie pour cette grande épopée.DSC00338

– Jour 1 –

C’est finalement en fin de matinée, par une belle journée ensoleillée,  que nous nous élançons, les quatre canots plus le Kayak, à la découverte de cette rivière sauvage et peu empruntée.

Nous sommes remontés haut le long de la rivière, dans une section étroite qui nous permet d’être proches des rives. La fonte des neiges et terminé et par endroits, le niveau est déjà bas. Nous devons donc régulièrement descendre des embarcations, pour déplacer nos embarcations échouées.Sur la rivière UpsalquichLa péripétie du jour est à mettre à l’actif de notre embarcation (que je partage avec Vincent). Alors que nous naviguions « paisiblement », nous percutons une roche avant d’effectuer une mise en cravate contre cette dernière ! Rapidement notre embarcation se remplit d’eau, et nous finissons avec de l’eau jusqu’à la taille tandis que nous rejoignons la rive. Et péripétie est intervenue alors que j’étais à l’arrière à diriger le canot…et prendre des photos ! Mon boitier a donc fini immergé et HS pour le reste de l’expédition, avant de fonctionner à nouveau, un mois après l’incident (détails sur mon blog).

À l’exception de ce point, la journée se déroule dans d’excellentes conditions, tandis que je me persuade qu’il ne s’agit que d’une perte matérielle; un nouvel évènement va me permettre de définitivement tourner la page. : une rencontre avec une maman ours et son bébé. Nous étions en train de contourner une ile au milieu de la rivière, lorsque j’aperçois une masse noire la traverser à la hâte avant de se réfugier sur une berge. Nous avons quelques doutes sur le spécimen (confusion avec un Orignal dans un premier temps), mais l’embarcation d’Angus et Henry qui nous suit se trouve-t-elle à quelques mètres de l’ourson qui n’a pas encore eu le temps de rejoindre sa mère.Canot-Upaslquich_dinner

Nous nous remettons de nos émotions avant de chercher un emplacement de camping pour notre première nuit sur la rivière. Après les impondérables (tentes, feu et bières), nos cuisiniers – André et Louis-César – se mettent à la tâche avec au menu : entrecôte et pomme de terre alu, au feu de bois s.v.p ! Je comprends rapidement que ce n’est pas « une mission survie », et qu’on pourrait même prendre du poids à la vue des menus au programme.

– Jour 2 –

La veille au soir, nous avons installé notre campement exposé plein est, sans arbre pour nous protéger des rayons du soleil (à l’exception des amateurs hamacs), ce qui se traduit par un réveil en sueur dans la tente, vers 07h30.

Pour continuer sur notre lancée, les petits-déjeuners font également partie prenante de l’organisation;  Angus et Henry nous offrent alors le « continental breakfast » : œufs brouillés, bacon, saucisse, café et jus d’orange! Nous prenons tout notre temps le matin, car nous ne sommes pas pressés par l’horaire, et le rythme de la veille a été suffisant pour effectuer la distance minimale.DSC00417

La Rivière Upsalquicjh constitue un habitat idéal et entièrement naturel pour le saumon de l’Atlantique, et sa pêche y est rigoureusement contrôlée par les autorités. Tout au long de cette journée, nous allons évoluer au-dessus des bancs de saumons. Ces derniers sont observables dans les nombreuses fosses situées au pied de chutes ou de falaises abruptes.

C’est également l’occasion de faire un plongeon, ou de s’essayer à l’escalade de bloc au dessus de la rivière.DSC00461

Notre fil rouge de la journée sera la recherche de la « Barrière à Saumon », le repère de fin de journée pour installer notre second campement. Longtemps, nous avons pensé l’avoir passé sans nous en rendre compte, jusqu’à ce que l’on arrive à proximité d’un camp de pêche, où là encore, aucune trace de barrière ou barrage à Saumon. On apprendra par la suite par un guide de la rivière que la barrière n’a pas encore été installée à cette période de la saison.
L’objectif d’un tel dispositif est multiple; une barrière de rétention permet de restreindre la montée des saumons atlantiques durant la saison de pêche (et ainsi réduire le braconnage en amont) ou encore pour compter et effectuer une revue de la population à des fins de conservation.

Quelques kilomètres après notre repère, nous trouvons un site bien exposé, à proximité d’une zone d’eaux vives (pour le lendemain) et décidons d’y installer le camp pour la nuit. Nous devenons aguerris au fil du temps, et en deux temps trois mouvements, nous voilà prêt pour le diner, à la lumière du jour !

Angus et Henry continuent sur leur lancée du petit déjeuner pour nous offrir le repas chaud du soir (saucisse et légumes). Nous sommes rapidement bons pour le couché, même si le soleil vient à peine de se coucher, car nous avions cette fois-ci pris les devants, afin de faire « les missions » avant la tombée de la nuit.

– Jour 3 –

Cela fait deux jours déjà que nous sommes au fin fond du bois, sur la rivière Upsalquitch. Nous y avons croisé seulement une embarcation la veille au soir, lorsque nous avons installé le campement.

Nous repartons donc ce matin avec la portion laissée en suspend, car nous hésitions sur l’itinéraire à prendre. Plusieurs arbres semblent bloquer l’artère principale, au risque d’y rester bloquer tandis qu’une autre section d’eau vive semble fonctionnelle, mais nous ne sommes pas certains du niveau des fonds. Il semble pourtant que l’embarcation de pêcheurs croisée la veille est arrivée par ce chemin, et donc nous décidons de suivre même itinéraire que ces derniers. C’est finalement un passage plus drôle que difficile, car nous avons plusieurs passages assez tournants à enchainer.DSC00426

Cette journée est également marquée par la rencontre avec le Pyrague à tête blanche. Ce rapace a la particularité de nicher sur les plus hauts arbres à sa disposition afin d’avoir un point d’observation stratégique et imprenable. Dès qu’il prend son envol pour changer de position, il est impossible de le maquer tellement son envergure est impressionnante dans le ciel de la vallée.Finalement, nous poursuivons notre tranquille retour à la civilisation, en entendant au loin des moteurs de plus en plus fréquents, et quelques fils électriques. Nous trouvons alors l’un de nos plus beaux sites de camping du trip, sur une île, au milieu de la rivière, et qui constituera notre dernier campement.

Le soir, avec Vincent, nous avons concocté (à l’avance) un « Chili con Carne » ou « Carne con Chile » vu la dose de viande donc chacun dispose. Nous accompagnons le tout avec du riz, que j’utilisais pour absorber l’humidité de mon boitier depuis que je l’avais fait tombé à l’eau ! Même si le repas a été préparé depuis 4 jours, les convives semblent apprécie et toutes les portions sont englouties.

Nous finissons cette soirée et trip par un gigantesque feu, digne d’un feu de la Saint-Jean (en retard), car nous avons enfin du bois à profusion (bois flotté qui s’est échoué sur l’île).DSC00461

– Jour 4 –

Dernier jour avant de rejoindre la civilisation, mais surtout de notre périple. Nous sommes assignés à mission petit-déjeuner, avec la note déjeuner « surprise ». Au menu bacon, purée à l’ail et fromage fondu. Que des aliments nobles, mais ô combien chaleureux après 4 jours dans le bois.

Nous repartons sur la rivière qui s’élargit de plus en plus, nous croisons également un grand nombre d’embarcations de pêcheurs, à mesure que nous approchons de la Restigouche.

Les paysages n’ont plus grand-chose à voir avec ceux des premiers jours, et nous sommes à présent comme dans une autoroute à embarcation. La navigation est encore très fluide, mais la quiétude et le silence des premiers jours ont fait place aux bruits de moteurs, aux fils électriques, et tout ce qui est associé à l’agitation humaine; pas de doute nous sommes de retour dans le monde réel.DSC00414

Nous finissons par une grande section très large de la Restigouche qui nous mène jusqu’au débarcadère principal. Fatigués, nous décidons d’appeler notre navette pour ramener les canots, tandis que Pascal et Charles, un brin nostalgique, décident de pousser et terminer la rivière jusqu’au débarcadère ultime.

Rendez-vous l’année prochaine !

Crédit photo : Pascal

Pour s’y rendre :

Depuis Québec, Suivre Route Transcanadienne E en direction de Rue Saint Jean/NB-17 N à Saint-Léonard. Prendre la sortie 58 de Route Transcanadienne. Suivre ensuite la NB-17 N en direction de Rue de lÉglise à Matapédia
Accès : nature Aventure – Parc Adams, Rue de l’Église, Matapédia, QC G0J 1V0
Il faut remonter la rivière depuis l’arrivée de l’expédition à Matapédia. Sans GPS ou guide, il est impossible de retrouver le site de mise à l’eau, car les chemines forestiers sont très changeants en fonction de l’exploitation du printemps.

Durée: 4 jours
Difficulté: Facile (*)
Altitude :
Sommet : 195 m
Dénivellation de 180 m

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